vendredi 25 mars 2011

23 mars 2011


La table de travail

Il apprend l'anglais. Il l'apprend pour parler à ses nouveaux amis étrangers. Il l'apprend pour me parler. Dans son cahier, il prépare les phrases qu'il compte me dire au téléphone. Il traduit à l'aide d'un ancienne méthode russe, destinée aux collégiens, et note les traductions en phonétique, utilisant l'aphabet arménien. C'est comme cela qu'il me fixe rendez-vous. Le texte suit une progression logique, enfin pour lui, d'abord comment ça va, puis peux-tu venir chez moi, puis à quelle heure. Mais moi je ne suis pas si logique et je ne suis pas disponible. Alors je contourne le texte, mais il ne comprend pas. Alors plutôt que de peiner à me justifier, une fois, je ne décroche pas.
Il fait tout cela pour moi, moi qui ne daigne même décrocher le téléphone.

22 mars 2011




Le sourire de la statue




Le sacrifice


Pygmalion

Je me rends dans l'appartement dénudé.
Il est déjà plus meublé que la dernière fois : un lit, un livre dans la chambre. Une table, une chaise et un réchaud dans l'atelier.
Le temps de se mettre à l'aise, le temps d'un thé, nous parlons. Malgré les barrières nous arrivons à créer une conversation, lui avec ses rudiments d'anglais et moi avec mes rudiments d'arménien.
Puis vient le moment de commencer et sous sa direction, je m'installe, le cou bien tendu, regard levé vers le ciel. Il m'observe, tourne autour de moi alors que j'essaye d'être à l'aise, puis il se lance. Frénétique, il agglutine des morceaux de terre autour d'un pilier vertical : mon cou.
Son regard et l'attention qu'il porte à cet objet me fascine autant qu'il m'effraye.
Ce qu'il cherche à représenter : "pas seulement la beauté du buste mais la femme"...troublant. Par la sculpture, il exprime ses sentiments envers moi.
Je photographie. Je pose entre nous ma caméra pour tenter de capturer cette relation par intermédiaire.
Il ne s'agit plus de moi, en tant que personne, il s'agit de ce double qu'il façonne, qu'il idéalise.

mercredi 23 mars 2011

21 mars 2011


Disparaître


Ne pas être vu
Les arméniens sont des caméléons complètement intégrés à leur environnement
Ils se fondent dans les bâtiments
Il n'y a qu'à regarder la couleur des vêtements: dégradés de gris, ocre, terre
Et leur forme : carrée
Pas de place pour la courbe et l'arabesque
Et dans la ville comme dans les esprits
Pas de perspectives

DISPARAITRE
Voilà le mot d'ordre. .
Ne pas sortir du cadre
Ne pas s'agiter
Ne pas penser
Ne pas vivre ?

Ma mère me l'a dit : "Reste discrète Virginie"
Mais moi, blonde et bleue, dans cette ville
Caméra sur la poitrine
Comment puis-je me camoufler ?



Le Noir et Blanc

Son usage ici fait sens pour moi
Il n'y a pas de couleur, tout n'est que valeur de gris
Il n'y a que la lumière qui compte
Enfin, quand il y en a


19 mars 2011


Les éléments du décor


D'abord il y a le chat,
Il vient tous les jours se poser sur le rebord de la fenêtre de la cuisine et miauler.
Il se frotte aux vitres et lance des regards suppliants.
Il désire pénétrer à l'intérieur mais lorsque la fenêtre s'ouvre, il prend peur et s'écarte.
Il ne veut pas vraiment de ce conford qui s'offre à lui.
Sa place est dans la rue, libre, mais le sait-il vraiment.
Il ou elle d'ailleurs ?

Puis il y a moi,
Le nouvel animal de compagnie.
Je suis ou plutôt tente de devenir un élément du décor.
Dégustant mollement mon énième café pour mieux retarder le moment de sortir sous ce ciel lourd et gris.
J'essaye de m'approprier ce nouvel espace sans trop y déborder.
Etre agréable à mon hôte pour mieux rester et ne pas avoir à aller demander l'auberge et le couvert dans un autre foyer.
Je suis bien ici, bien dans un espace, pour la première fois depuis mon arrivée.

Et finalement la fleur.
Envoyée par ses parents pour son anniversaire.
Malgré la distance, ils sont ici que ce soit à travers cette rose ou lorsqu'ils partagent notre repas à travers l'écran de l'ordinateur.

Tout ici m'inspire la tranquilité.
Ce lieu respire la bienveillance.

18 mars 2011


L'absence

Réveillée matinalement par les gloussements de la femme d'entretien et de ses collègues qui s'indignent devant notre installation.
Nous ne sommes que le lendemain et déjà tout va disparaître.
Elles s'évertuent déjà depuis un petit moment à détruire avec haine ce que nous avions construit avec tant d'enthousiasme.
Cela me ronge.
Je les observe de loin, l'air détaché car sensée ne pas avoir pris part à tout cela.
Nous nous étions mise d'accord.
Elle assumera l'entière responsabilité de nos actes.
Il est plus facile de faire porter la faute à celui qui n'est pas là pour s'en défendre.

Notre action impulsive.
Cette envie de s'approprier le lieu, ce lieu qui était sensé être destiné à la création, a pris une ampleur que nous n'avions pas prévue.
Pour nous c'est démesuré.
Avec le recul, je peux essayer de comprendre.
Je ne peux pas imaginer par quel shéma, comment sont nées ces suspicions qui ont menées à conclure pour un acte de malveillance.
Complot, nous aurions formé un groupe d'action contre...contre quoi ?
Et dire qu'elle en avait rit...
Dire qu'elle en avait rit avant de nous dénoncer !

Je peux essayer de me mettre à leur place.
Nous avons "craché" sur leurs murs, "vomi" l'oppression et la rigueur qu'ils s'mposent et nous ont imposées...
Nous l'avons ingéré et régurgité sous forme d'une explosion de joie et vie !
Explosion d'objets usagés, déchetsl, rebuts de leur propre société.
Quel choc cela dû être de les voir ainsi exposés sur leurs murs, comme une insulte.
Leur jeter ainsi au visage ce qui se cache dans l'arrière-cours, ce qui y pousse et y pourri, sans qu'on ne puisse rien y faire.



17 mars 2011

Utiliser et être utilisé

Partie cherchée ses lunettes de soleil, l'autre artiste en résidence revient les bras chargés de matériaux hétéroclites achetés dans une boutique de mariage.
Décorons donc cet espace blanc et stérile !
Les fils traversent la pièce de part en part et forme dans l'angle de la porte d'entrée un réseau entremêlés qui descend doucement jusqu'au sol. Un toile d'araignée ponctuée de petites tâches blanches et lumineuses.
Puis elle sort du papier d'aluminium, objet absolument inusuel ici.
Empaquetons les meubles !
A commencer par la télévision, puis la télécommande, la panoplie de l'homme moderne.
Puis la chaise...La chaise devient cet homme moderne, une tête en sac plastique pleine d'air et des chaussons aux pieds, mollement assis et passif.



Quelques sacs platiques dans l'air et nous avons des ballons.
J'en place quelques uns sur le chaffage de telle manière que l'air expulsé vienne les gonfler et dégonfler, à rythme régulier créant ainsi une musique, une respiration.




Nous l'intitulons : NEVER ENDING GOODBYE PARTY

mardi 22 mars 2011

15 mars 2011


Le gigantesque poële


Ma famille arménienne

Pourquoi m’aiment-ils tant ?

Je ne comprends pas.

La peur d’être aimée.

C’est peut-être pour cela que je suis si farouche.

L’incompréhension.

Comment ai-je pu faire naître un sentiment si fort ?

Aurais-je peur de l’amour car il représente quelque chose d’étouffant à mes yeux ?

Une attache.

Un feu à entretenir.

Des attentes.

Et moi qui coure tant après la liberté.

Qui déjà suis effrayée de faire souffrir mes proches parents.

Qui supporte déjà le poids d’une famille.

Voilà que je me retrouve tiraillée entre deux !

Narine

La beauté de son visage, si doux, paré de ses sourires chaleureux.

A l’occasion de ma venue, elle s’était tout particulièrement mise en beauté.

Les efforts qu’elle déploie pour entretenir le feu dans son foyer.

Le gigantesque poêle au milieu du salon.

Les histoires qu’elle raconte à son petit-fils pour calmer son énergie dévastatrice.

Ruben s’évertuant à frapper le sol de sa bêcheuse.

Les petites phrases aimables qu’elle murmure à son mari lorsqu’elle fait l’intermédiaire entre nous.

Sako ne me parle jamais directement, par pudeur ?

C’est la femme, la mère, la grand-mère et l’amie, tout à la fois.

Karbis

Le fils de la famille à la sensibilité trop développée.

Il étudie maintenant la littérature russe.

Il a grandi mais ses manières restent inchangées.

S. a dit qu’il lui faisait penser à Truman Capote.

J’espère que comme lui il réussira à obtenir richesse et notoriété.

J’espère qu’il pourra vivre sa vie, caché peut-être, mais qu’il s’épanouira.

­­

Mari

Mari travaille dur, trop dur.

La société a changé et le capitalisme a explosé dans ce petit pays qui n’y était pas préparé.

Il y a peu voir pas de réglementation du travail.

Le gouvernement se rempli avidement les poches du travail de son peuple.

Mari avec son diplôme d’économie est caissière dans un supermarché.

Chaque jour que Dieu fait, elle se rend à son travail où elle enchaîne huit heures sans une pause.

Lorsqu’elle arrive, elle est au centre de notre rencontre.

Par sa bouche, la nourriture est engloutie, puis une fois rassasiée, c’est par sa bouche encore que les questions fusent.

Par sa bouche, car elle seule parle un anglais appréciable.

Par sa bouche, ils nous interrogent, nous cuisinent, essayent de comprendre ce monde que nous représentons et qui vient perturber le leur.

Meri

Meri ne travaille pas, elle élève son fils.

Activité qui semble la fatiguer.

Elle n’a pas un fort caractère et sa timidité montre bien qu’elle est assez soumise.

Elle n’a que peu d’emprise sur son enfant et pouvoir le temps de quelques heures déléguer sa responsabilité de mère à sa propre mère.

Sako

Sako n’est pas sur l’image mais pourtant il est là.

Il est omniprésent car c’est le chef du foyer.

Il se cache derrière tous ces fastes que l’on déploie pour nous ce soir là.

Au moment où on festoie, il travaille dur pour rendre cela possible.

Il faut prendre, apprécier, c’est comme cela qu’il sera remercié.

Sako ne me parle pas directement.

Il doit avoir de la pudeur là-dedans.

Il met entre nous une certaine distance.

Mais je comprends bien quand il s’adresse à sa femme qu’il s’inquiète pour moi.

Il m’a fait peur car il représente une autorité que je ne conçois pas : celle du père de famille.

Il s’est senti responsable de moi comme de ses propres enfants.

Mais je suis différente et bien que de la même racine, ma famille a pris un autre embranchement.

Maintenant je le comprends mieux, il ne me fait plus peur et pourquoi en aurais-je peur ?

Ruben

Ruben est un garçon malicieux.

Un diablotin aux cheveux blonds et bouclés, angéliques.

Ruben est avant tout un garçon et cela fait la différence.

Il peut courir sur les meubles, frapper sur le sol à l’aide d’une bêcheuse, cracher et frapper sa mère.

Personne ne dira rien, pas un mot plus haut que l’autre, voir même on en rit.

Mais cela aurait surement été différent si Ruben avait été une fille.

14 mars 2011


Mon ombre sur le mur tel Peter Pan




La peau des fruits

Déçue de ma recherche du "lieu acceptable"
Un lieu où vivre
Rien d'extraordinaire
Juste un lieu où me poser
Où construire quelque chose

Mais il ne vient pas
Je ne chercherais plus
Ce qui dois arriver arrive toujours

En attendant je suis là
Je suis à Bengladesh
Je suis dans cet espace intermédiaire

Aujoud'hui pour la première fois, j'essaye de m'y poser
De m'y reposer
De m'y apaiser
Goûter à des joies simples et m'en satisfaire
La chair d'un fruit

Pourtant ça ne prend pas
Il reste toujours quelque chose de désagréable
Cette enveloppe délicate qui dépérit
Qui devient déchet de plus dans cette cuisine
Rien de dure


13 mars 2011


Dilijan


Une petite dizaine de chaises au soleil
Un invitation à s'asseoir, à converser, à rire
On saisit mollement une poignée de neige pour la jeter à la figure de son voisin
Sans trop viser
Sans agressivité
Juste pour communiquer

Puis vient cette immense résidence secondaire
Maintenant complètement à l'abandon
Ce fut celle du leader du Parti Communiste Arménien
Assassiné dans les années 1930
Depuis plus personne n'y habite, elle s'effondre et l'oligarque qui racheta ce terrain ne fit jamais rien pour sauver ce morceau d'histoire

Les autres s'aventurent à l'intérieur, rasant les murs du salon dont le sol n'est un gouffre béant qui avale cette maison chaque année un peu plus
Parviennent aux étages par ce que l'on peut un escalier bien que la plupart des marches manquent
Moi pas car le temps joue contre moi,
Je les laisse donc là et avec eux cette après-midi idyllique


12 mars 2011



Construction


Dans ce batiment un espace immense et des escaliers qui mènent à rien.
Quoi qu'ils desservent les quelques pièces que l'on peut trouver à l'étage, cinq, six, dont les toilettes : seules pièces encore usitées.
Et puis il y a la vieille, soit disant préposée au nettoyage, qui erre dans les couloirs. Elle nous poursuit en nous demandant quelques pièces pour ces bons services.
Pourquoi pas, après tout il n'y a que nous ici et l'endroit n'est pas passant bien qu'on ne puisse qu'y passer. On peut traverser, monter, descendre. Mais rien pour s'installer, rien pour ce poser, rien que la pierre froide.
Mais pourquoi ? Quel génie défait eu cette idée ? Quel destin grandiose attendait ce lieu ? Qui d'autre que des touristes en mal de se soulager la vessie eut foulé du pied ces escaliers, déambuler dans ces couloirs avant de s'accouder sur ces rambardes ?




La grand-mère

Calme
Assise près du feu
Regard dans le vague
Ainsi, vêtue d'une blouse de travail c'est la grand-mère arménienne par excellence et c'est aussi ma grand-mère
Je peux mieux la comprendre maintenant
Cette rigidité, cette tenue
Et ce silence...
Ce même silence que dans le marchoutka
Ces gens assis des heures durant
Passifs
Ne rien dire
Ne rien faire
Oui...
Mais ne rien penser...



Marche dans la neige


mercredi 16 mars 2011

11 mars 2011

Pas d'image aujourd'hui.
Je réfléchis sur la condition des hommes et leurs problèmes. Car il n'y pas que les femmes qui souffrent à cause du poids de la société ici, il y a aussi les hommes, les jeunes hommes. Leur frustration est si palpable. La sexualité est si problématique. Pourquoi s'étonner autant du faite qu'il ne sache gérer le pouvoir dont ils jouissent sur leur épouse ?

10 mars 2011

Les corbeaux

J'ai toujours cette apréhension quand la nuit tombe car c'est l'heure où les corbeaux déploient leurs ailes sur la ville. Ils croassent, viennent se poster sur les grues maintenant arrêtées des chantiers de Northern Avenue. Ils viennent aussi aux coins des rues, tenues noires des pieds à la tête. Toujours en bande, ils me survolent dans la rue, me frôlent sans réellement chercher à m'atteindre. Ils n'attaquent pas, ils jouent. Mais que cherchent-ils ? Pourquoi cette intrusion ?
Je pense qu'ils s'ennuyent et cherchent une distraction. J'en ai presque pitié et pourtant je leur en veux chaque fois qu'ils se heurtent à ma bulle, de m'obliger à revenir sur terre.


Hallucination

Je n'ai pas mangé.
La cigarette que je viens de fumer à moitié me tourne la tête alors que nous quittons Leningradian. L'appartement désolant aux allures de lupanar.
De retour sur la grande avenue, j'ai une envie pressante de rentrer...Monter dans le marchoutka...Essayer de reconnaître les lieux, je ne sais pas où je suis...Je tente de me représenter mentalement l'espace. Ah, je reconnais la rue, le monument pseudo-grec, mais déjà il tourne : "կանգարում կպաեք" !
Descendre, en se heurtant pour la énième fois la tête contre la porte. De l'air. J'appelle, besoin de parler à quelqu'un de confiance. Je ne sais pas si je dois continuer à dépenser tant d'énergie à trouver un endroit habitable...J'y réfléchi. Dans mes pensées, je ne reconnais même plus le pâté de maison. Je suis dans un état second. Les aboiements. Une silhouette blanche au loin. Je vois flou. Un sac plastique. Mais la forme d'abord volante semble en fait marcher, renifler, chercher quelque chose au sol. Un chien ! Mon coeur s'emballe. Il est sur mon chemin, mais alors que j'avance déjà il n'est plus là. Une hallucination. Plus que quelques pas. En contournant le grillage de l'école, le vent se soulève, j'ai du sable dans les yeux, les sacs plastiques dansent accrochés aux arbres tels des pendus immaculés, le ciel est lourd...Le gardien embué et débraillé m'ouvre la porte. Je grimpe dans mon abris. Je ne sais que faire en priorité. Ma vessie me presse d'aller aux toilettes, mon coeur se meurt d'entendre la voix de D., mon estomac crie famine...Tous ces sons mêlés forment un étrange symphonie en moi, je saisis les objets, les déplacent, la tasse glisse et m'échappe de mains. Son contenu vient se répandre sur mon ordinateur...Un instant cauchemardesque.

9 mars 2011



La chaise

C'est une présence.
Mais de qui ? Quelle présence ?
Elle est vide et qui viendra s'y installer ?
Qui viendra combler ce vide ?
Qui viendra honorer cette invitation au repos et à la contemplation ?
Ici au beau milieu de ces immeubles défraîchis.
Il n'y a que moi dans cette impasse.




Mon ombre


C'est un jeu ? une marelle ? une échelle !
Pour mesurer quoi ?
Pour me mesurer à la vi(ll)e.
Quelle est l'unité de mesure ?
Les années qui passent.
Le temps d'une introspection je me retourne sur mon jeune passé.
22
J'ai déjà et seulement 22 ans.
Sur l'image la tête touche la marque.
Mais ce n'est que mon ombre.
Quel âge ai-je réellement ?
L'expérience se mesure t'elle en années ?


Il y a moi dans mon monde, photographiant mon ombre dans la rue, sous le regard des passants.
"Stupid foreigner"..."Just a stupid foreigner"...
Voilà ce que je me répète, c'est mon bouclier, ma protection.
"Act like if you were stupid"
Un conseil très utile pour qui voyage.
Il y a leur monde et il y a le mien et peu, voir pas, d'altercation possible.
Ce qui me touche m'est personnel et je ne veux pas m'en justifier.
Alors on me laisse en paix.

mardi 15 mars 2011

8 mars 2011




Le vent

Agite les feuilles dures qui ainsi se heurtent les unes aux autres créant le doux son d'un carillon
Sur cette place déserte nous sommes à découvert, rien à l'horizon pour nous protéger de sa pression, il nous bouscule à loisir
Echappées
Nous parcourons des étendues asséchées et désolées où les seules cultures fertiles semblent être celles de sacs plastiques qui poussent partout telles des herbes folles. Contrastants avec la terre brune, et le ciel gris, un large panel de couleur s'étend sous nos yeux. Du blanc tirant sur le gris, aux couleurs flashies, en passant par les tons pastels.
Animés par le vent, virvoltants, tournoyants si vite qu'il est impossible de distinguer s'il s'agit d'un déchet ou une fleur magnifique.


7 mars 2011

Samira's "learning to be a monkey"



"Pour se reposer la vue, il faut regarder à l'infini."
Conseil d'un médecin, vu lors d'une visite médicale, peu avant mon départ. A travers la fenêtre du machoutka, je regarde à l'infini ou du moins j'essaye. La ville a revêtue son manteau de tristesse. A l'horizon, il n'y a plus de montagnes, justes ces immeubles cotonneux. Manque de perspectives. Je ne me sens pas d'errer, bien que j'en ai besoin, et puis il n'a pas assez de lumière.

6 mars 2011




Sculptures urbaines


Je me ballade à nouveau du côté du chemin de fer.
Toujours aussi fascinée par ces constructions sculpturales, faites de matériaux hétéroclites. Les gens me regardent d'un drôle d'oeil alors que je les photographie, je pense à Raymond Depardon et m'en sens flâtée, ça doit être à cause de mon attitude d'errante.



Le jeune homme et la fenêtre


Poursuivie par son modèle

Je suis des chemins sans savoir où je suis, mais qu'importe !
Voilà que se dresse une carcasse de voiture. Le pare-brise ainsi positionné, à la verticale, me fait penser à une fenêtre ouverte sur cette semi-campagne.
Un jeune homme vient à passer. En attendant qu'il passe par l'encadrement de cette "fenêtre", je prends l'air détaché et me découvre un intérêt soudain pour les herbes folles qui bordent la route.
Le jeune homme se stoppe, à quelques pas, si près d'entrer dans ma composition...Et me regarde. Je me vois de l'extérieur, et effectivement, je dois vraiment avoir l'air dérangée. Je sens de l'hostilité mais au point où j'en suis, j'appuie tout de même sur le déclencheur, par folie, par jeu.
Puis je continue mon chemin, feignant d'être pleine d'assurance.
Le jeune homme n'a pas bougé, mais de loin je l'entends s'adresser à quelqu'un d'autre.
Ma route est une fois de plus interrompue par la présence des chiens.
Il n'y a pas d'autre voie, je rebrousse chemin. Face à moi, un groupe d'hommes s'avance avec en tête mon modèle et son complice.
J'ai "plus confiance" en ces chiens à deux pattes qu'en ceux qui en ont quatre, je passe donc à travers le groupe, sans regard. Ils sentent aussi bien la peur.
Mais quelques mètres plus tard, je sens une présence dans mon dos, mon modèle. Il me suit sur plusieurs mètres, je le laisse me dépasser mais sans arrêt son regard se tourne vers moi. Finalement, sa curiosité rassasiée, il quitte la voie.
Je m'en retourne vers la foule. A ce jeu je ne jouerais plus.

lundi 14 mars 2011

5 mars 2011




Ma peau morte


A peine j'ouvre mes yeux que je sens déjà cette anxiété qui se manifeste par une boule, dans mon ventre, une boule qui grossit à mesure que je prends conscience d'où je suis et de ce que j'y fais.
L'ivresse et l'enthousiasme de la veille a fait place à un état de dénuement.
Mais il faut aller de l'avant : se traîner jusqu'à la salle de bain en évitant de butter sur mes complices d'alors, esquiver tout échange avec celles à qui je me suis dévoilée, peut-être trop; ôter ses vêtements comme des peaux mortes dont on tente de se défaire (pour mieux renaître ?). Une fois nue, sous la douche, j'aperçois encore ma mue tapie dans l'angle. Elle me regarde, me toise, me rappelle à ce que je fus.
Mes vêtements désincarnés, comme moi.


4 mars 2011




Le long du chemin de fer

Découvrir un peu plus Bengladesh.
En suivant le chemin qui monte, juste à droite de l'école, on découvre une enfilade de maisons faites de bric et de brac qui mènent tout droit à un ancien chemin de fer.
En suivant les rails, du côté opposé aux habitations, je me sens transportée.
Sur ma droite, plusieurs petites fermes sommaires. Les sons mêlés des bestiaux supplante le bruit infernal des voitures pourtant à quelques mètres.
Je suis seule à l'exception de quelques passants qui tranversent furtivement si bien que je ne vois que leurs silhouettes qui ne laissent qu'un point noir, indéfinissable sur les photographies que je tente de prendre.
Je marche sur les rails, essayant de ne poser le pied que sur les lattes de bois, un jeu auquel je suis malhabile. Au bout du chemin, une usine se profile. J'essaye d'imaginer ce qu'a bien pu transporter les wagons qui circulèrent sur cette voie et qui maintenant servent de logement de fortune à ceux qui se sont installés ici. Soudain l'agitation des moutons que l'on déplace m'interpelle. On les envoie paître dans cet espace réduit, entre un bras d'eau et des poteaux électriques. Le chant du coq parvient à mes oreilles alors que j'essaye de m'approcher...suivi de près de celui des chiens...Je suis trop près de leur territoire et en même temps trop loin pour ma photo, mais il y a les chiens, encore les chiens, et je suis seule.
Puis vient un corbeau, dois-je prendre cela comme un mauvais présage ?
Je ne suis pas superstitieuse, pourtant je rebrousse chemin.

vendredi 11 mars 2011

3 mars 2011




Grandeur et décadence


Vivre au coeur des ruines d'un ancien empire

2 mars 2011


Assis / Debout


Je sors du café où j'ai pris racine depuis plusieurs heures.
La serrure des toilettes me résiste, je me débats avec...Ouf, me voilà dehors.
Le temps est doux et j'aime ces passages souterrains contrastants avec la lumière extérieure.
Je me lance pour prendre quelques photos.
En dégainant mon appareil sous le nez des passants, je me rends compte que ma main est couverte de sang. J'y trouve la raison de ces regards décontenancés, non seulement il y a la crainte d'être pris dans le cadre mais d'autant plus si c'est par cette étrange étrangère que je suis !
J'enroule mon doigt d'un vieux mouchoir, ce que j'ai trouvé de mieux, et sans y accorder trop d'importance, je poursuis.


1er mars 2011


Deux faces d'une même fissure


Rien de particulier en cette journée floue. Journée transitoire.
Malgré la cassette qui tourne en boucle durant tout le trajet et les bonds qui me soulèvent à chaque nid-de-poule, je suis dans mes pensées.
Je regarde les montagnes enneigées, la luminosité est très forte.
A travers les fenêtres encrassées du bus, je me risque à prendre quelques images. Râtées.
Je repense à cette ancienne église, complètement effondrée, au coeur de Tbilissi.
Cette fissure parcourant l'abside, de haut en bas, la scindant en deux. Pourtant ce dernier pan de mur reste debout. Il reste debout mais indigné, car on s'en sert d'aurénavant comme de toilettes publiques. Les excréments viennent côtoyer les images et les cierges que des inconnus viennent y déposer. Quel contraste ! D'un côté un respect inchangé pour un lieu qui fut et reste pour certains un lieu de culte et de l'autre, un simple bâtiment effrondré pour ce caché du regard des autres à la moindre envie pressante.

27 et 28 février 2011

Are you talking to me ?





Le voyeur (images d'un inconnu)


Le voleur d'image

Le voleur d'images ne se cache pas.
Le voleur d'images se tient à sa place et sans s'approcher, il capture votre apparence, pas votre âme.
C'est cela qui fait de lui un voleur d'images et pas un photographe.
Il use de superfuges pour ne pas se déplacer, pour ne pas entrer en contact.
Il ne veut pas connaître, il veut effleurer la surface de votre personne. Mais il n'y créa pas une onde pour la troubler.
Mais vous, vous ne vous rendrez compte de rien même si inconsciemment sa présence vous empêche de vous livrer.
Car le voleur d'images ne photographie que des coquilles vides.


La preneuse de photo appeurée

Ambience kitch, nous trônons au beau milieu de tricots amassés dans ce coin de café, dimanche midi, lendemain de fête.
Face à moi, deux monuments, deux mondes passionnants et passionnés échangent leurs points de vue. Je ne déploye aucun effort pour me dresser à leur hauteur, à bonne distance et sans dire mot je me sens en position pour écouter.
Mais l'anxiosité de la photographie à prendre m'envahi.
Impossible de leur jeter si brutalement au visage ma boîte à image et espérer qu'elles s'y confient.
Je tâtonne, un vrai chat ne pouvant contourner une flaque. Je tend la patte dans mon sac, attrape mon appareil. Et je joue avec, feignant de n'avoir aucune intention en tête mais je fais mes réglages.
En faisant cela, j'ai quitté l'instant, je ne suis plus dedans mais dehors. J'ai quitté ce monde du sensible pour un questionnement sur la lumière, l'angle, la composition ? Trop tard, trop tôt, l'image n'existera pas et si elle devait exister, elle "ne marcherait pas".
Je regagne ma position de simple observateur avec pour seul boîte à enregistrer ma mémoire.

26 février 2011

L'arbre aux mouchoirs




Un visage dans les bois ou juste un gant


La boule de neige


Comment ont-ils fait, ces enfants ? Quelle énergie déployée !
Pousser, rouler, nettoyer, pas question de laisser un peu de terre colorer la surface immaculée de notre énorme boule de neige ! Alors consciencieusement, du revers de la manche, chaque angle est passé en revue...Plus une trace ? Bon, on continue, pousser, rouler...

25 février 2011

A chacun ses armes


"Un sèche-cheveux cheminée donc..." comme l'annonce la chroniqueuse de France Inter au moment même où j'écris ces lignes..!

7 heures de trajet jusqu'à Tbilissi.
Une heure de pause déjêuner, le temps d'admirer l'art "traditionnel" d'attiser le feu chez les femmes arméniennes.
Le reste du temps je le passe à dormir et à révâsser à un projet qui n'a toujours pas vu le jour.

jeudi 3 mars 2011

24 février 2011




Le passage

23 février 2011

Le ballon

Un simple ballon sur mon chemin qui porté par le vent traversa devant moi
Il me fallait le photographier
Alors je l'ai fait poser, encore et encore
Jusqu'à ce qu'il en éclate



Pour O.,

Car même si cette photographie est mauvaise, elle a une raison d'être : elle t'est destinée
Quelle piêtre cadeau qu'une image ratée me diras tu
Encore une image fantôme, parmi toutes celles qui me hantent
Mais pour qu'elle ne disparaisse tout à fait, laisse-moi la commémorer
Oui, il y a cette tasse, tapie dans l'ombre, une simple tasse de café mise de côté après avoir été bue
Et puis il y a cette forme, blanche, flottante, indéfinissable qui n'est qu'une simple boîte de mouchoirs
Mais ce que tu ne peux pas voir, noté noir sur blanc sur cette boîte de mouchoirs, là, dans ce café, à cet instant où je m'apprêtais à quitter les lieux, c'est ton nom
Ton nom, là, surgit au milieu de nulle part

22 février 2011


Près du cinéma Moscow


21 février 2011




Ils tirent sur les chiens la nuit

Ils tirent sur les chiens la nuit et on peut entendre les détonations résonner
Au début, naïvement, nous pensions à des feux d'artifices
Des feux de joie venus se répondre dans Bangladesh

Ils tirent sur les chiens la nuit
Au moment même ou j'écris
Une nouvelle détonation puis une trombe d'aboiements

Ils tirent sur les chiens la nuit

20 février 2011

Les statues vivent aussi ?



En attendant devant cette immense statue, si imposante, si figée dans un passé qui ne veut ou ne peut pas s'effacer, je me pose cette question : ici, les statues vivent aussi ?


19 février 2011


Et elle cita Vitez : "l'acteur est un poète qui écrit sur le sable".

18 février 2011


De l'autre côté


"L'autre n'est jamais évident. Il faut l'inventer, par exemple en psychanalyse ou en photographie. Il faut concevoir son altérité oblique, inouïe, qui ne soit pas la simple opposition à ce qui est, qui se dise dans une langue, une autre syntaxe."Derrida...

17 février 2011


Peu de choses en cette première journée ensoleillée. Quelques doutes sur mon appareil photo...trop sensible, trop bancal, trop peu spontané,...





Visite à la famille

Retour dans ces rues anciennement arpentées, à l'arrière du taxi sur un fond de musique franco-arménienne, reprise d' " Aux champs Elysées".
Je reconnais petit à petit le quartier de Nor Aresh, l'école, la place, mon coeur se soulève.


Le dîner chaleureux et fastueux contraste avec la pauvreté de l'habitat.
Derrière chaque acte bienveillant se cache une réalité.
Derrière mon assiette sans cesse réapprovisionnée, il y a ce poële gigantesque qui trône au milieu du salon, me rappellant qu'ils n'ont pas de chaffage l'hiver.
Derrirère les supplications pour que je regagne ma place à table, il y a la crainte que je n'attrape froid dans cette cuisine glaciale et enfin derrière la serviette gentillement tendue à ma sortie des toilettes, il y a la volonté de me faire oublier cette fenêtre cassée et la porte qui ne ferme pas.
Je me suis posée cette question : dois-je photographier cela ? Mais je ne peux pas photographier. Je ne peux pas montrer ce que ces honnêtes gens font tout pour cacher.
De même, je n'aurais pas photographié l'enfant qui encouragé par son entourage embrasse langoureuseument la poitrine d'une femme dénudée trônant au beau milieu d'un magazine tout public.

Impressions



Mémoire des déplacements


Yerevan, 02.03.2011





Tblissi, 27.02.2011



Tblissi, 26.02.2011



Tblissi, 25.02.2011



Yerevan, 25.02.2011


Yerevan



Yerevan, 21.02.2011


Yerevan, 22.02.2011