150 X 90 cm
Photographie argentique
Tirage numérique
Dans cette photographie, deux photographies se superposent, celle d'un des fameux écorchés de Fragonard, l'homme à la mandibule, et celle d'un jeune homme, bien vivant.
Je questionne là encore la peau comme frontière entre notre intériorité, notre organicité et notre extérieur, notre apparence.

La vie est précisément ce qui nous différencie des cadavres. C'est curieux que Fragonard ait été fasciné par seulement l'enveloppe charnelle, et surtout que ces "oeuvres" aient intéressé tant de monde. La vie, ce qui fait que nous ne sommes pas des cadavres, que les insectes ne peuvent pas nous bouffer, cette vie qui fait que notre cerveau est habité par la mémoire et la pensée, est bien plus intéressante, d'autant que son existence est miraculeuse et mystérieuse. Autant nous savons comment le corps se construit in utero, comment il grandit, et comment il pourrit après sa mort, autant nous ne savons rien de clairement établi scientifiquement sur le mystère de la vie. C'est très intéressant un coeur momifié (quoique), mais qu'est-ce qui le fait battre sans interruption pendant 90 ans ? Je pense que c'est cela, qui angoissait Fragonard, et que c'est pour cette raison qu'il s'attelait à faire croire au monde entier que "nous ne sommes que des cadavres vivants". Cette formule trahit pourtant son angoisse face à la vie à cause du terme "vivant". Le plus désolant est que des gens soient fascinés par le mental malade de ce mec. C'en est même flippant. Ca en dit long sur la facilité d'oublier le miracle de la vie.
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